Photo Flickr : harpy
La vie prend parfois de drôles de visage pour vous inculquer ses plus jolies leçons…
En l’occurrence, celui de… appelons le Monsieur C. Une figure de notre cher quartier Montmartrois, un personnage, comme on dit. De ceux à qui le destin a joué un drôle de tour pour le précipiter de sa petite vie tranquille d’informaticien sans histoire au (non) statut d’homme-de-la-rue.
A votre débarquement sur la butte il y a 6 ans, il « habitait » déjà les escaliers du métro Lamarck Caulaincourt. De « Bonjour » timide en sourire plus franc, la conversation a débuté toute seule, un soir de métro en retard.
Au fil des jours, vous laissez filer en moyenne deux métros sans vous en apercevoir, happée que vous êtes par Monsieur C. qui déroule la bobine de sa vie… Toujours digne, jamais larmoyant. Et Dieu sait que vous en apprenez de belles… De quoi vous faire relativiser sévèrement votre pleurnicherie de la veille sur « Bouhou, mon-papier-n’est-pas-paru-il –a-sauté-à-la-maquetteeuu !» (un truc d’attachée de presse, qui pourrait bien faire l’objet d’un autre poste !).
Et puis brusquement, l’été dernier, envolé Monsieur C. Vous avez beau le chercher au détour des couloirs, il a disparu. « Il profite du beau temps, vous dites-vous ». Mais au retour des frimas, son blouson bleu et ses lunettes n’ont pas ressurgi… Vous espérez de tout cœur qu’il a trouvé des cieux plus cléments, quelque part au soleil, mais sans trop y croire. Et les statistiques hivernales sur la vie dans la rue que dispensent en boucle les infos prennent soudain une autre dimension.
Et puis un jour du mois de juin, un p’tit miracle… En plein soleil, à deux pas du Sacré Cœur, vous tombez nez à nez avec Monsieur C. tout pimpant ! Vous lui sautez au cou (si, si, vous êtes un(e) incorrigible sentimental(e)). Les questions pleuvent, et c’est tout juste si vous lui laissez le temps de vous répondre qu’il va bien, qu’il a désormais un logement (tout près d’ici, faudra monter prendre un café !!), un travail (l’informatique, c’est ce que je fais de mieux, vous savez ?).
Mais pourquoi cette si longue absence ? « C’est par une très grosse malchance qu’est arrivé cette renaissance… ». L’été dernier, Monsieur C. est tombé dans une rixe avec deux de ses « copains du quartier ». Il ne reverra jamais ses « poteaux », mais pour lui, c’est 8 mois d’hospitalisation. « Je vais beaucoup mieux, et c’est l’hôpital qui m’a remis le pied à l’étrier, trouvé un logement, un boulot.».
Imaginez : vous êtes là, sur le bord du trottoir, le nez qui vous chatouille (Sentimentale, on vous dit…). Vous écoutez cet homme que rien n’a jamais abattu au point de lui faire lâcher prise et que le sort a finalement récompensé de sa ténacité en plaçant sur sa route « un ange gardien ». Et d’un coup, vous avez juste envie d’expliquer à la terre entière (bon, déjà aux sympathiques lecteurs de notre blog, ce sera un bon début) que bon sang de bois, il s’agirait de ne pas mollir.
Nous sommes parfois tentés de râler contre tout et son contraire, mais le monde n’est peut-être pas si moche après tout : les chiffres sur la générosité des dons aux associations n’ont jamais été aussi bons que depuis les débuts de cette fameuses c…. qui noircit l’horizon, les systèmes de troc s’organisent, l’entraide se généralise… Et il y a encore des gens pour faire leur métier (et plus !) correctement et donner une seconde chance à un Monsieur C., dont les difficultés ont commencé bien avant 2008 (et il ne s’est jamais plaint, lui)…
Alors voilà, un immense merci Monsieur C. pour cette belle leçon de vie, elle nous semble un peu plus rose, grâce à vous…
The post Plus rose, la vie ! appeared first on Bienvenue à la vie en rose.
